Âgées respectivement de 20 et 18 ans, Judith Coquet et Lola Gstalter ont paraphé leur premier contrat professionnel l’été dernier. Avant l'ultime journée de championnat ce mercredi à Fleury, les deux joueuses reviennent sur cette saison qui s’achève ; elles évoquent ce qu’elles ont appris et leurs espoirs pour l’avenir
Il y a un an vous paraphiez votre premier contrat professionnel avec le MHSC. Quel regard portez-vous sur cette première année dans la cour des grandes ?
Judith COQUET : J’ai entamé l’été dernier ma troisième saison avec le groupe de D1 mais ma première en étant sous contrat professionnel. C’était une belle avancée pour moi d’avoir paraphé ce contrat professionnel. Avoir son nom floqué sur le maillot, c’est une fierté. Le seul bémol c’est que mon temps de jeu n’a pas franchement évolué. J’en ai eu un peu plus mais pas autant que ce que j’aurais souhaité. J’ai parfois été hors du groupe, ce qui n’avait pas été le cas la saison dernière. Malgré mes quelques entrées en jeu (10 au total) je n’ai encore jamais connu de titularisation. C’est assez frustrant. J’aurais aimé avoir un peu plus ma chance mais je me dois de continuer à travailler et de respecter les choix du coach. Au niveau des études, en plus du BPJEPS, je suis en L3 de Staps. J’ai eu mon premier semestre et si j’ai mon année (puisque les résultats du second semestre ne sont pas encore tombés), cela équivaudrait à une licence. J’aimerais ensuite continuer en Master pour avoir mon diplôme de professeur de sport.
Lola GSTALTER : le premier sentiment, c’est que cette année est passée extrêmement vite. Il y a eu ce premier contrat professionnel mais aussi l’obtention du baccalauréat l’été dernier puis celle du permis de conduire dans la foulée et, en parallèle du foot, je suis une formation en BPJEPS. C’était vraiment une année très sympa ! (sourire). Sur le plan purement sportif, je suis très fière d’avoir pu signer mon premier contrat professionnel ici l’été dernier. En première partie de saison, j’ai pu faire quelques apparitions dans le groupe et avoir un peu de temps de jeu, via quelques entrées en cours de match. Ma deuxième partie de saison a été un peu plus compliquée, que ce soit personnellement mais aussi collectivement puisque nous avons connu des périodes compliquées au niveau des résultats. Globalement, j’ai eu la possibilité de disputer plusieurs matchs pleins avec la réserve qui évolue en R1 et les U 19 Nationales (en plus des entraînements quotidiens avec l’équipe professionnelle bien sûr), ce qui m’a permis de garder le rythme. J’ai beaucoup appris cette année, je pense avoir progressé, même si je dois encore passer des caps. C’est de bon augure pour la suite.
Qu’est-ce qui, dans cette première année, a été le plus difficile selon vous ?
Lola : je pense que le plus dur a été d’avoir tourné avec toutes les équipes. La saison dernière, en plus de quelques apparitions en pro et de m’entraîner avec elles, je jouais le plus souvent avec l’équipe réserve. Cette année, j’ai aussi joué beaucoup de matchs avec l’équipe U19 en plus de mes participations régulières aux rencontres de la réserve. Cela m’a fait naviguer entre trois équipes différentes (D1, R1 et U19), ce qui n’a pas été évident au départ. C’est déjà difficile de prendre ses repères avec une équipe mais, quand en plus tu changes tous les week-ends, ça te pousse vraiment à développer tes facultés d’adaptation. Je me souviens par exemple que lors de mon premier match avec les U19 cette saison contre Clermont, je n’avais aucun repère et c’était assez compliqué… mais c’est venu au fil du temps. J’ai fini par savoir gérer et par prendre du plaisir dans chacune de ces trois équipes. Le fait d’avoir trois entraîneurs différents aussi m’a permis d’apprendre de chacun d’entre eux. C’était très enrichissant.
Judith : le plus compliqué quand tu ne fais que des entrées en jeu comme ce que j’ai vécu cette saison, c’est que tu as peu de temps pour prouver ta valeur. Tu dois rentrer tout de suite dans le match et ce n’est pas toujours évident. Je dois aussi reconnaître que ce ne sont pas mes qualités premières. Quand tu es attaquante par exemple, tu peux faire des différences sur ta vitesse et marquer un but, ce qui te permet tout de suite de te faire remarquer. Quand tu as un poste de milieu de terrain comme le mien où tu fais le plus souvent du travail de l’ombre, c’est plus difficile de se faire remarquer. Dans ce contexte, prouver tes qualités en peu de temps, c’est compliqué.
En quoi avez-vous le plus appris ?
Judith : La patience et la polyvalence. Je suis souvent rentrée sur un côté. Ça ne me dérange pas forcément mais ce ne sont pas non plus mes qualités premières car je ne suis pas une joueuse très rapide. Parfois je suis rentrée en n°6, parfois n°10 ce qui est mon poste de prédilection. D’un autre côté, le fait d’évoluer à plusieurs postes me permet aussi d’apprendre.
Lola : J’ai joué à différents postes, que ce soit en milieu offensif gauche ou en numéro 10 ceux (qui sont mes deux postes naturels) mais aussi en latérale gauche, où j’étais le plus souvent utilisée lors de mes apparitions en D1. Ça m’a permis d’apprendre pas mal de choses sur le plan défensif. Plus globalement, je dirai que cette année m’a poussée à prendre mes responsabilités quand je redescendais avec la réserve où les U19 (Lola a inscrit 13 buts et délivré 7 passes décisives en 12 matchs disputés avec l'équipe réserve, ainsi que 6 buts et 4 passes décisives en 4 matchs seulement avec les U19). Ce n’est pas de la prétention mais quand vous vous entraînez en D1 toute la semaine, vous apprenez avec des joueuses plus expérimentées que vous et vous devez faire profiter de cette expérience à la fois vous-même mais aussi à vos coéquipières quand vous redescendez de catégorie d’âge. Cette expérience que vous avez eu la chance d’acquérir, vous devez la faire rejaillir sur l’ensemble du groupe. C’est ce que j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais. Je précise que quand je parle de prendre mes responsabilités, c’est avant tout dans le jeu. parce qu’en dehors du terrain ce n’est pas mon rôle, il y a une capitaine en place, et même si elle est plus jeune que moi, c’est son rôle et je ne veux empiéter sur les plates-bandes de personnes.
L’absence de temps de jeu en D1 vous a-t-il frustré ?
Lola : c’est surtout la deuxième partie de saison qui a été difficile à vivre de ce point de vue-là parce que je suis très peu apparue en D1 mais je dois respecter les choix du coach. Je reste jeune, j’ai une carrière devant moi et je suis persuadée que les choses finiront par arriver avec le travail. J’apprends toute l’année ici, c’est un club auquel je suis très attachée et j’espère pouvoir gratter du temps de jeu la saison prochaine et m’y imposer dans le futur.
Judith : Il y a forcément un peu de frustration. Je suis arrivée au MHSC à l’âge de 10 ans, j’y suis attachée, j’ai vraiment envie de m’imposer ici mais si je dois gagner ce temps de jeu ailleurs sous forme de prêt par exemple, avant de revenir plus forte ici la saison suivante, pourquoi pas ? Cela fera trois ans et demi à la fin de la saison que je m’entraîne avec les pros. Désormais, j’aimerais accumuler du temps de jeu pour que cela me permette de gagner en confiance en moi.
Comment avez-vous trouvé la saison de l’équipe ?
Judith : Je la qualifierai d’irrégulière. Je me souviens de très belles prestations comme la victoire à Reims (3-0) et le match contre Lyon ici où nous nous sommes inclinées de peu. On fait d’ailleurs souvent des gros matchs contre les grosses équipes du championnat mais sans être récompensé malheureusement. Le fait d’avoir concédé le match nul sur un penalty dans les dernières secondes à domicile contre Fleury (1-1) a aussi été très frustrant car on a fourni une belle prestation. La première mi-temps contre Guingamp était très intéressante aussi…. Pour synthétiser, je dirai qu’on a fait de bons matchs mais qu’on a malheureusement perdu trop de points contre des clubs face auxquelles nous n’aurions pas dû en perdre. Le plus frustrant c’est que si on gagne ce mercredi contre Fleury, ce que j’espère, et que le PSG s’impose contre Reims, on n’échouera qu’à un seul point des playoffs en ayant fait pas mal d’erreurs. Il suffisait d’en faire une de moins et c’était bon pour la qualification. Il y avait vraiment la place pour aller en playoffs cette année.
Lola : Je suis jeune et assez inexpérimentée donc c’est difficile pour moi de répondre à cette question. Cela dit, sur le plan purement comptable, je pense que cette saison est en deçà de nos attentes. Nous n’avons pas réussi à prendre des points contre les grosses équipes du championnat et nous en avons lâché contre des équipes qui, normalement, étaient à notre portée entre guillemets. C’est dommage parce qu’il y a vraiment de la qualité dans ce groupe.
Quel regard portez-vous sur la dernière rencontre de la saison ce mercredi à Fleury ?
Lola : les résultats de la journée précédente nous empêchent malheureusement de prétendre à une qualification pour les playoffs en cas de victoire lors de ce dernier match. Nous savons que Fleury une équipe difficile à jouer et qui n’est pas en finale de Coupe de France par hasard. Quel que soit l’enjeu, c’est le dernier match de la saison et ne serait-ce que pour notre image et pour notre fierté, on doit donner le maximum car la saison a été compliquée. Nous sommes très déçues par rapport au Président qui est très investi dans sa section féminine et qui nous apporte beaucoup. Il nous donne les moyens de réussir et nous n’y sommes pas parvenues. Je pense que ça lui fait de la peine de voir que notre saison a été ratée et on se doit de tout donner pour finir sur une bonne note et redémarrer du bon pied la saison prochaine.
Judith : je trouve leur saison assez similaire à la nôtre dans le sens où cette équipe a manqué de régularité. Si nous sommes proches de Fleury en fin de championnat en ayant fait beaucoup d’erreurs, ça veut dire qu’elles en ont fait aussi. C’est une équipe qui est capable de réaliser de très grosses performances, mais aussi de perdre contre n’importe quelle équipe. On verra si elles sont dans un bon jour ou pas contre nous. Ce qui est certain, c’est que c’est une équipe avec des joueuses qui se projettent vite devant et qui cherche pas mal la profondeur. Au-delà de ça, même si une victoire ne nous permettra pas d’accéder aux playoffs, le succès contre Saint-Étienne à domicile la semaine passée (4-0) nous a un peu relancées et nous avons à cœur de montrer que même si nous ne serons pas aux playoffs nous sommes tout de même une bonne équipe et que nous aurions dû y être. Nous nous devons de « sauver l’honneur » entre guillemets et de terminer le plus haut possible.
Comment voyez-vous la saison l’une de l’autre
La saison de Judith vue par Lola : on se côtoie sur le terrain mais aussi en dehors puisque nous partageons la même formation en BPJEPS au sein même du club. Je trouve que Judith est une super joueuse, très technique qui doit peut-être à mon sens prendre un peu plus confiance en elle. Je suis très contente qu’elle ait eu un peu plus de temps de jeu cette année.
La saison de Lola vue par Judith : Lola est dans un cas assez similaire au mien dans le sens où elle a eu assez peu temps de jeu en D1 mais, en même temps, elle est un petit peu plus jeune que moi et c’est la première année où elle vit vraiment cette situation. Au-delà de ça, je trouve qu’elle progresse, on le voit nettement aux entraînements. Lola a une bonne qualité technique, une belle patte gauche, une bonne vision du jeu. Je suis convaincue qu’elle aura sa chance dans les mois et les années à venir.
Comment analysez-vous les saisons des autres équipes de la section féminine auquelles vous avez contribué, à savoir les U 19 nationales et la réserve qui évolue en R1 ?
Lola : la réserve est championne, donc un premier objectif est atteint. Désormais, il nous faudra nous imposer en match de barrage au mois de juin pour accéder à la D3, ce qui est l’objectif du club. J’espère que nous y parviendrons. Au-delà de ça, c’est vraiment une saison réussie pour la R1 mais qui reste à concrétiser avec je l’espère une victoire en barrage et pourquoi pas, aussi, en Coupe d’Occitanie. Concernant l’équipe U19, c’est une saison réussie également puisque nous nous sommes qualifiées dans la phase élite où nous avons réalisé des bons matchs (notamment un succès 6-2 sur la pelouse du PSG avec un but et deux passes décisives pour Lola, NDLR). Je pense que l’équipe est en capacité d’accrocher la 2ème place finale, voire la première si on fait défaut pas même si ça paraît compliqué.
Judith : Je ne peux plus jouer en U19 depuis deux ans déjà. Je peux uniquement évoluer en réserve. C’est toujours bien de pouvoir courir et d’avoir des repères de match car un entraînement ne remplace jamais un match ; maintenant, je dois reconnaître aussi que la différence de niveau est très grande entre la D1 et la R1. J’espère que l’équipe réserve accèdera en D3 en début de saison prochaine. Cela permettra de réduire un petit peu cet écart de niveau avec la D1 et rendra un peu plus attrayant le fait d’aller évoluer dans cette catégorie. Pour conclure, même si je n’ai pas pu évoluer avec les 19 cette saison, je suis quand même très heureuse de voir quelles ont accédé à la phase élite et que ça se passe plutôt bien pour elles. C’est important qu’il y ait de bons résultats chez les jeunes. Ça prouve que notre formation est de qualité.
